Inégalités persistantes : Les femmes et la santé au travail au Canada, un combat de longue haleine

Pendant trop longtemps, le monde du travail québécois a ignoré les besoins spécifiques en matière de santé et de sécurité des femmes. Une analyse rétrospective de la Loi sur la santé et la sécurité du travail révèle une discrimination flagrante, où l'application intégrale de la loi était conditionnée à la prédominance masculine dans les secteurs d'emploi. Cette situation, qui s'est prolongée de 1979 à 2021, a laissé des millions de femmes vulnérables face à des risques professionnels souvent négligés.
Un héritage de discrimination
La loi, telle qu'elle était initialement conçue, ne s'appliquait pleinement qu'aux secteurs où la présence masculine dépassait 85%. Cette règle, manifestement biaisée, excluait de facto les femmes des protections offertes par la loi dans les secteurs où elles étaient majoritaires ou en nombre significatif. Les conséquences ont été désastreuses : moins de formations en santé et sécurité, moins d'inspections, et une culture d'entreprise où les risques pour la santé des femmes étaient souvent minimisés, voire ignorés.
Les mécanismes de prévention, un outil incomplet
Bien que des mécanismes de prévention aient été mis en place, tels que les heures de libération pour la formation, leur efficacité était compromise par l'application sélective de la loi. Les femmes travaillant dans des secteurs non couverts par la loi intégrale se retrouvaient privées de ces formations cruciales, les rendant plus vulnérables aux accidents et aux maladies professionnelles. De plus, l'absence de suivi rigoureux et de sanctions dissuasives a contribué à perpétuer cette situation d'inégalité.
Un changement tardif, mais nécessaire
L'abolition de cette règle discriminatoire en 2021 marque une avancée significative, mais ne suffit pas à effacer les décennies de négligence. Le chemin vers l'égalité en matière de santé et de sécurité au travail est encore long. Il est impératif de mettre en place des mesures concrètes pour combler le fossé accumulé, notamment en matière de sensibilisation, de formation et de prévention des risques spécifiques aux femmes.
Les défis à relever
- Risques musculo-squelettiques : Les femmes sont particulièrement exposées aux troubles musculo-squelettiques, souvent liés à des tâches répétitives ou à des postures inconfortables.
- Santé mentale : Le stress, l'épuisement professionnel et le harcèlement sont des problèmes de santé mentale qui touchent de nombreuses femmes au travail.
- Grossesse et allaitement : Les femmes enceintes ou allaitantes ont des besoins spécifiques en matière de santé et de sécurité qui doivent être pris en compte.
Vers un avenir plus juste et plus sûr
Pour garantir la santé et la sécurité de toutes les travailleuses, il est essentiel d'adopter une approche proactive et inclusive. Cela implique de renforcer les mécanismes de prévention, de promouvoir une culture de sécurité positive, et de veiller à ce que les lois et les réglementations soient appliquées de manière équitable à tous les secteurs d'activité. Il est temps de reconnaître que la santé et la sécurité au travail sont des droits fondamentaux, et que ces droits doivent être garantis à toutes les femmes, sans exception.