Fumer au Québec: Est-ce que les fumeurs sont devenus les boucs émissaires de notre société?

2025-07-03
Fumer au Québec: Est-ce que les fumeurs sont devenus les boucs émissaires de notre société?
Le Figaro

L'interdiction de fumer sur les plages québécoises, entrée en vigueur le 1er juillet, suscite un débat passionné. Au-delà de la justification sanitaire, cette mesure révèle une tendance inquiétante : la stigmatisation croissante des fumeurs. Alexandre Devecchio, expert en communication et auteur, s'interroge sur ce phénomène et nous invite à une réflexion plus profonde sur la place du tabac et des fumeurs dans notre société.

Un climat de défiance et de jugement

Depuis quelques années, les fumeurs sont de plus en plus perçus comme des parias. Les campagnes de sensibilisation, bien qu'ayant pour objectif de dissuader, ont souvent eu pour effet de renforcer les préjugés et de créer un climat de défiance. L'interdiction de fumer dans les lieux publics, qui s'étend désormais aux plages, est perçue par certains comme une atteinte à la liberté individuelle et une forme de discrimination.

« On a l'impression que les fumeurs sont devenus le nouveau bouc émissaire », explique Alexandre Devecchio. « On leur reproche tous les maux de la société, de l'impact sur la santé publique aux coûts engendrés par le traitement des maladies liées au tabac. »

Une question de santé publique ou une chasse aux sorcières?

Il est indéniable que le tabac est nocif pour la santé. Les études le prouvent, et les conséquences sur la santé publique sont considérables. Cependant, est-il nécessaire de stigmatiser les fumeurs pour améliorer la santé de tous ? Alexandre Devecchio estime que non. « Il faut privilégier l'éducation, l'accompagnement et la prévention plutôt que la répression et le jugement », affirme-t-il.

L'interdiction de fumer sur les plages, bien que présentée comme une mesure de santé publique, peut être interprétée comme une volonté de chasser les fumeurs des lieux de loisirs et de les marginaliser davantage. Cette attitude est contre-productive, car elle risque de les isoler et de les inciter à fumer en cachette, avec des conséquences potentiellement plus graves pour leur santé et pour l'environnement.

Repenser notre approche du tabac

Il est temps de repenser notre approche du tabac et des fumeurs. Au lieu de les culpabiliser et de les stigmatiser, il faut les considérer comme des personnes qui ont besoin d'aide et de soutien. L'accompagnement à l'arrêt du tabac, l'information sur les risques et les alternatives, sont autant de moyens de les aider à se libérer de cette addiction.

« Il faut comprendre que fumer est souvent le symptôme d'un problème plus profond », souligne Alexandre Devecchio. « Souvent, les fumeurs cherchent à gérer le stress, l'anxiété ou la solitude. Il faut s'attaquer à ces causes profondes pour les aider à arrêter de fumer durablement. »

L'interdiction de fumer sur les plages est un signal fort, mais elle ne résoudra pas le problème du tabagisme. Il faut une approche plus globale et plus humaine, basée sur l'éducation, la prévention et l'accompagnement. Il est temps de cesser de diaboliser les fumeurs et de les considérer comme des citoyens à part entière, qui méritent notre respect et notre soutien.

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